vendredi, décembre 30, 2005

Éventualité.

Devenir tranquillement quelqu'un tout seul.
Tout seul, mais tranquillement quelqu'un.

lundi, décembre 19, 2005

Tu projettes une lumière hivernale sur mes jours d'été.

lundi, décembre 12, 2005

Sur l'éducation, encore

Ceci est une réponse à Monsieur/Madame l'Anonyme «out», qui avait commenté un texte de KafKaDan, que vous pouvez lire ici : Un cours parmi tant d'autres

Je pense qu'il est nécessaire de lire les autres textes avant celui-ci.



Vous aimez Camus?
«Créer, c'est vivre deux fois»
«Créer, c'est aussi donner une forme à son destin»
«La bêtise insiste toujours.» (suis-je bête!)

Permettez-moi d'être un peu lâche et de répondre, point par point, à vos remarques. Au fond, ça nous aidera peut-être à nous comprendre plus aisément.

Votre première assertion m'inquiète: «Je crois bien que nous [ne] nous entendrons jamais». Pour ma part, je suis bien ouvert à ce que nous réfléchissions ensemble sur nos idées, quitte à les revoir. L'êtes-vous?

«vous avez une conception relativiste de la connaissance». Non. Les choses sont, et on les connait ou non. Ce qu'il FAUT connaître? Tout. Mais c'est chose impossible, et les expériences individuelles n'ont pas toutes la même forme. En conséquence de cela, il ne peut appartenir qu'à chacun, individuellement, de décider de ce qu'il juge bien ou mal, si de telles notions existent vraiment. Cela selon son expérience propre. La mienne est restreinte, vu mon âge. De ce fait, je ne saurais décider que ce que je choisis d'enseigner est tout ce qu'il faut savoir (sur un sujet précis, disons). Je ne suis pas disciple d'Érasme. Pas pour rien que je vous parlais de Rabelais.

La liberté de discussion? Non, vous ne la niez pas. La restreignez à «un cadre défini». Cadre qui inclut l'enseignant? Je suppose. C'est lui faire peu confiance que de penser qu'il ne sera pas en mesure de transformer la «contestation subversive» en doute méthodologique. Remise en question par les élèves, justification par l'enseignant. Et voilà un méta-apprentissage. Étape 1 de l'Apprendre à apprendre : Savoir pourquoi on apprend. Encore ce fouttu Rabelais.

Obéissance et soumission. L'ordre, s'il n'est pas établi et choisi par la société qui y obéit, la soumet à l'autorité. La microsociété que représente la classe peut choisir ses normes. Si l'enseignant est bon, il saura expliquer les raisons de ce qu'il propose, et si tous sont de bonne foi, l'enseignement suivra son cours. Du Contrat Social appliqué au collégial. Mais vous me répondrez peut-être par l'Émile. Quel âge, quelle capacité de compréhension? Pas encore celle d'un collégien. exit.

Votre école n'est pas plus vieille que la mienne. Tout au plus, elle est dominante depuis l'Antiquité. L'Homme a d'abord appris par l'expérience, la discussion et la confrontation. Les premiers savoirs se sont acquis par des «élèves» étudiant la nature et non alignés devant un enseignant... Par ailleurs en associant «mon école» aux années soixante-dix, vous oubliez les universités médiévales dont plusieurs étaient administrées par les étudiants, qui choisissaient leurs apprentissages et leurs enseignants (la première étant Bologne en 1190), vous oubliez Pestalozzi (1746-1827) et la liberté à l'élève, Parker, Dewey, Neill (XIXe siècle), sans parler de nombreux philosophes, qui avant les pédagogues s'occupaient de suggérer des normes en éducation. Plusieurs de ces écoles qui ressemblent à «la mienne» ont réussi. Ont aussi souvent été fermées par l'Église, normative, restrictive, qui croyait en une Connaissance limitée et une Foi illimitée.

Innovation, dans la société dans laquelle on vit, c'est précisément éviter de penser que cette notion n'est propre qu'à la gestion économique et à la technologie électronique. J'entends par innovation l'introduction ou la RÉ-introduction d'idées nouvelles ou insuffisamment explorées. Comment juger? En comparant. L'étudiant qui pense innover en se comparant se heurtera invariablement à un fait bien humiliant : des plétores d'individus ont pensé, dit et créé comme eux. Voilà une conscience qu'il aura acquise lui-même, qu'il comprendra. Qu'il n'apprendra pas par coeur. L'humilité ne s'enseigne pas. Ça se développe. À quoi servent les cours de création littéraire? Peut-être à faire comprendre à l'étudiant qu'il n'est pas seul, qu'il n'est pas réellement original, mais qu'il n'est pas vain d'essayer.

Et pourquoi je juge qu'il n'est pas vain d'essayer? Parce que notre société se borne à ne plus évoluer. Se borne à considérer que l'économie est la maîtresse de tous les Hommes et qu'ils ne peuvent coucher qu'avec elle. Effleurer par mégarde le rêve, flirter avec les humains, embrasser l'environnement, et se four(voy)er avec l'économie. Mon humble avis. D'aucuns diront que, sans argent, on ne peut même pas manger. Revisitez donc les schtroumfphs. C'est ça, l'innovation. C'est croire assez à ce qui n'est pas commun pour en publier trente-deux albums. Mais ce n'est qu'une bédé pour enfants!!! Vraiment? L'amour, la générosité, la conciliation, le végétarisme, le refus de l'argent, de la haine profonde, de la corruption, la crainte du grand méchant magicien raté dominateur, le tout sous l'oeil attentif et bienveillant du vieillard conseiller, ce n'est que pour les enfants?

Mais réconcilions donc nos pensées; je ne crois pas que ce soit impossible. Les étudiants manquent de bonne foi. Une discipline à être instaurée dans nos collèges et universités, impliquant certes certaines contraintes, et décisions prises unilatéralement. Que les jeunes s'établissent dans un mouvement de continuité, oui, et que ce mouvement soit perpétué par l'innovation. Réinvestissement des acquis du passé dans l'étudiant, fructification, nouveaux investissements, etc. Tout à fait d'accord.

Quelques bémols:

«Ceci présuppose qu'il y a une autorité». Autorité? Je dirais ressource. Personne détentrice de certaines connaissances que l'élève n'a pas. N'oublions jamais que l'élève a lui aussi des connaissances que l'enseignant n'a pas. Qu'en cela, l'enseignant ne peut définir et décider à lui seul de ce qui est beau. (Aucun philosophe n'a d'ailleurs pu statuer sans détracteurs sur la nature du beau) Le grand, c'est la voix de la majorité qui le définit. Le fort, c'est l'union des individualités qui le forme. Un héritage civilisationnel qui mérite d'être aimé et admiré, certes, parce qu'il est à notre origine. Comme on aime son père parce qu'il est père, qu'on provient de lui, cependant qu'on ne posera pas nécessairement nos pieds dans ses pas.

« Quand on admire, c'est qu'on conçoit qu'il y a quelque chose de plus haut que nous». De plus haut? De plus grand, si. D'insaisissable dans sa totalité, même. De plus expérimenté, aussi. Si vous entendez hauteur ainsi, va. Sinon, il me semble que ce soit légèrement mystique; nous serions alors irréconciliables, sur ce plan, je l'admets. À ça -- pardonnez-moi -- je suis fermé. :)

Maintenant, je suis curieux de connaître votre avis sur ces explications. Sincèrement. Cela dit, je ne tiens pas à entendre ce que vous pouvez penser de moi, par exemple que je suis un jeune idéaliste et que mes idées changeront avec l'expérience. D'abord parce que -- au risque de me répéter -- mon expérience ne sera pas la vôtre. Ensuite parce que ce vous feriez de moi, comme de plusieurs, un symbole de la stagnation. Et ça me mènerait directement au suicide. ;)



D'autres beautiful lies pour ceux qui n'en ont pas marre.

Les robes des muses

Chairs au vif qui se cuisent, de sels, d'aurores mornes
Englobées de noirceur au petit jour vibrant
Regard ensanglanté, je suis le maître borgne
Dans le silence trouble qui plane assidûment

S'élèvent des écueils de crystal et d'argile
Dont les pointes mutilent chacune de mes envies,
Et ma peur s'illumine et tout mon être est vil
Nuée phosphorescente sur mon être transi

Contrastant aussi peu que la sueur et les pleurs
L'eau salée d'Antarctique raffermit ma douleur
Toujours le vent se charge de sécher mes humeurs
Se perdant en ces algues où mes sirènes pleurent

Un chant d'amour vieilli que j'ignore, que j'ose
Expirer en sanglots, oui, mes muses larmoient
En leurs robes de nacre, elles râlent sur moi
Quand un opaque jour s'émeut de tons de rose

Je regarde la mer et m'entretiens ainsi
Quand les robes des muses seront des coquillages
Sous cette ère d'eau froide en cueillant mille vies
M'en entaillant les veines je suivrai leurs sillages

Jusque dans la pénombre le doute et la douleur
Me blessant ainsi qu'elles souffriront l'engelure
J'atteindrai s'il leur plait et malgré leur rigueur
Le nid où les passés perleront au futur.

Le titre a été dicté par Reine Laurence, il y a longtemps.
Toutes les robes ne se perdent pas dans des mers de froufrous..

samedi, décembre 03, 2005

Mémoire usinée

si tu vivais dans l'ancien temps
tu entrerais dans un monastère
- Guillaume Apollinaire

Rintintin ratisse les machines
Tchekov rue ses espoirs succincts
Sur la ribambelle des lendemains
Et penche, pence la muraille de l'usine

Rigueur éternelle foutaise malotrue
Rédemption profitable déganguée morue
Faut-il fuir, foutue finance
Des marais, cancre et nauséabondance

Les méridiens en exil n'entravent
Aucun des rieurs, beau séjour maladif
En contrée subterfuge malodieuse. Behave!
Et vente, vente l'assensceur fautif

Montons, mentons, méphistophélès est las
Là, morbide industrieux déloyal
Et, fourbu, fixant la splendeur fantassine
Rintintin ratisse les machines

Suant sur son suaire l'ancien sang
Et le monde après lui se suspend.

mercredi, novembre 30, 2005

Quelle détestable habitude !

Boire le café du matin au moment où le ciel s'obscurcit....

mercredi, novembre 09, 2005

«Il suffit d'un baiser pour apprendre l'amour»

Ce qu'on en dit des conneries sur l'amour. Ce que ça nous occupe, d'en parler, d'un sentiment qu'on s'est inventé, quelque part au Moyen Âge, pour faire mignon, pour faire valeureux, pour l'honneur. Ce qu'on s'en crée, des raisons de vivre, ce qu'on s'en balance, au fond. C'est qu'on veut mourir quand ça commence,tout comme quand ça se termine, et on souhaiterait l'éternité du moment dès qu'on copule, dès qu'on jouit,dès qu'on est ensemble et qu'on espère. L'amour est un sentiment qui vit d'espoir et meurt du désespoir.L'amour, l'amour c'est comme une fleur, c'est comme... Mais faites-moi rire!

L'amour existe-t-il? Encore? Chante Céline! Nah. Sans blague. Ce qu'on en dit des conneries, sur quelques stupides papillons qui s'excitent quelque part entre le coeur et le bas-ventre, à l'idée d'un peu de tendresse. Et ce qu'on en ferait des bassesses pour ces papillons-là.

Au fond, ce qu'on veut, c'est l'inaccessible toujours recréé. Ce qu'on souhaite, c'est le sexe, et la grandeur du sentiment; qu'on puisse en parler, et même l'analyser de façon rationnelle. Pouvoir dire «je l'aime parce que...», comme si «j'aime» ne suffisait pas. Qu'on puisse en parler, parce que ça nous change de parler du beau temps.

Ce qu'on en dit, des conneries.

Au fait, je vous ai dit que j'avais une copine?

mardi, novembre 08, 2005

Caulfield

C’est un enfant, qui vole… Allongé, nu, dans un long corridor, un trop long couloir pour sa taille à lui. Nu, ne restant de la vie sur lui que quelque peu d’une chaleur que lui offrent des draps de coton, blancs, il erre. L’espace autour de lui est un tumulte plaintif qui se répercute dans tous les sens, sur toutes les surfaces, et au travers des draps blancs, sur son corps frêle, qui frémit à tout instant. Des pas battent les dalles humides : on n’accourt pas vers lui, on passe. On circule. On effectue des cercles, concentriques, jusqu’à ne plus tourner que sur soi-même : on se questionne : « Saloperie de dossier, où j’ai mis ça? » On s’extériorise.

L’enfant referme délicatement ses ailes, se redépose sur sa civière, bien ancré. Les mains fermées sur les draps blancs, le regard fixé entre le plafond et lui, il écoute. Le temps qui claque; l’odeur qui en ruisselant s’éventre et hurle de douleur. Et les gens. On court. On marche. Plus loin, là, au bout, près de la porte, on meurt. Cela, se fait en silence. Lui ne mourra pas. Pas maintenant. De petites abeilles volent en lui, et parfois, souvent en fait, elles le piquent. Alors il voudrait hurler, mais il n’y a que sa tête qui se recule un peu, et bien que sa gorge soit libre, que l’air circule entre ses dents, il n’y a rien qui sorte. Au mieux, il tousse, légèrement, ou soupire. Alors il s’envole lui aussi. Il n’a pas peur quand il vole, ni mal. Seulement alors il n’écoute plus. C’est comme ça qu’il ne mourra pas.

Voler ne l’épuise pas. Mais chaque atterrissage le fait souffrir davantage. Les abeilles, jalouses, virevoltent, s’emportent, et enfoncent leur dard, leur venin, plus d’une fois dirait-on. Cela, le fatigue.

De tout ce qui s’agite, autour et au-dedans de lui, il comprend si peu. Mais il ressent. Le mal, la vitesse, l’indifférence, l’absence. Le silence lointain du soir, et la pénombre de la douce apocalypse, l’impersonnalité de l’Urgence, l’inhumanité du mal qui l’habite. Ses parents ne viendront pas, ne le réconforteront pas. Ils sont morts.

– Tu sais, dit-il, lorsque je serai grand, je serai médecin. Et un peu pompier aussi, même cuisinier. C’est ainsi qu’il s’adresse au brancard, sous lui, ce vieux sage qui en a vu d’autres. Comme ça je vais pouvoir soigner les gens et éteindre le feu qu’ils ont dedans, avec du pâté chinois.
– …
Sa mère s’est suicidée, quelques années plus tôt, à peu près au moment où une cirrhose emportait son père.
– Maman, tu sais, c’est sa vie qui était malade. Peut-être que les médecins ils peuvent rien faire quand c’est la vie. Papa, c’était sa foi, alors ils auraient pu le soigner mais c’est parce que ça a été trop long avant qu’ils s’en rendent compte.
Le brancard est d’une écoute attentive. Il n’a rien d’autre à faire. Quand les abeilles viennent, ou que l’enfant s’envole, il reste là. Bien en place. Disposé à recevoir la vie, les souffles difficiles. C’est un vieillard songeur, qui cause peu.

Cette nuit, la lutte est féroce. Le brancard grinche. Il supporte une vie mouvementée. L’enfant veut vivre. Dans toute son impuissance, il se débat, affronte des ruches entières, il veut être grand, et ignore qu’il ne le sera jamais. Les enfants comme lui ne vieillissent pas, ils ne peuvent que mourir. L’enfant est atteint d’une fatalité incurable, une souche humaine du plus dangereux virus. Il n’en sait rien. Il ne sait pas combien tous ces combats se répéteront, combien la perpétuité est longue, il ne sait rien de l’éternité d’un espoir qui ne se concrétise jamais. Nu, recroquevillé, chaud, souffrant, hallucinant son envol sur une plage de galets rouges, le cœur pendant, avec ses entrailles qui se dispersent et frottent contre chaque imperfection du monde. Il a mal. Il sait qu’il a mal. Chaque pierre du sol pénètre une partie de sa vie, s’incruste, fait gicler le sang. Il se tord, se broie; des nuées rougeâtres ruissellent sur le sol.

Les draps se flétrissent, le sang et le pus se répandent, caillent, tout est taché de la guerre d’espoir. Sur le front un enfant, quelques abeilles, et une vie qui fuit, qui fuit rouge partout, sur les dalles sèches, les carreaux chlorés et les bocaux de cotons-tiges. La nuit éclate en sanglots, pleure des larmes noires sur le regard d’un enfant qui veut vivre, et l’ensevelit. Il pleure, lui aussi. Pleure de rage, d’être, mais si peu, d’être et de n’être plus, d’être et de ne jamais savoir, ne jamais saisir, se saisir de soi. Le ressentiment qu’on vit de ne jamais savoir, qu’il mourra quand même, qu’on meurt tous un peu trop vite.

Bientôt sa chute est irrémédiable. Le sol, le sol! Une abeille. Elle le porte. Il s’abandonne, las. Qu’il est doux, l’air sur sa peau! Il ne veut pas sentir le mal. Que la beauté. Que la fermeté de son appui. Et bientôt, d’autres abeilles, et des bourdons, et des guêpes, quelques mouches, et encore un papillon, le portent, l’entraînent. Lui, éviscéré, rongé, porté par son mal, porté par ses assaillants, et au travers d’eux un peu de beauté, il se laisse flotter. Il ne ressent plus de douleur.

Il est mort, l’enfant.

S’en va retrouver ses parents, morts bien avant lui, qui l’emmènent fêter l’âge de raison.

jeudi, octobre 27, 2005

La nature morte

Je connais bien peu à la peinture. «Rien», serait plus juste. C'est peut-être pour cela que j'ai de la nature morte une image plutôt terne. Plutôt en teintes de gris, plutôt en formes floues, plutôt en urnes de terre brune et en fruits déconfits. C'est peut-être pour ça que j'exècre les pots de fleurs et les prunes empilées. Ça me donne toujours l'impression de manquer d'imagination, avec un arrière-goût d'inachevé.

De la même façon, j'ai connu jusqu'ici, tout au long (mais bien court) de mon parcours scolaire et personnel, de nombreux enseignants qui avec mes parents m'ont transmis le goût de la réflexion, de l'écriture, de la musique, de la et du politique, de la communication, de la littérature, de la langue française, et avec tout cela ou en découlant, le goût du savoir.

Mais de par leur attitude, mais de par leurs réalisations, bien peu ont suscité chez moi la poursuite d'objectifs. Apprenant de leur exemple, je n'ai jusqu'ici rien fait. Combien d'esprits lucide n'ont jamais eu le culot de gouverner? Combien d'adroites plumes n'ont jamais publié? Combien d'orateurs magnifiques n'ont jamais pris parole? Combien de voix mélodiques se sont tues? Combien d'idéalistes ont refusé leur philosophie au monde entier? Combien de voyants ont éteint sur leurs visions les projecteurs? Combien de pinceaux éclatés se sont vite rangés dans de bien sombres habits? Combien d'idéateurs ludiques se sont contentés du cynisme ambiant? Combien de stupides policiers ont joint les rangs des forces de l'ordre (ça, oui, un, et heureusement d'ailleurs!) Combien d'acteurs justes ont appris leur rôle de père, de mère, d'enseignant, jugeant du bien-fondé de leur sage décision par l'idée unique que la communication de leurs passions à des jeunes était bien plus valable que la pleine réalisation de leurs capacités?

Et moi, Scott Towel, Spongi Towel de la petite rhétorique d'école de campagne, j'ai tout imbibé, jusqu'à vouloir devenir comme eux, enseignant. Mais l'enseignant-raté, qui depuis la grèce antique, qui depuis l'école mésopotamienne, veut influencer à son tour la jeunesse, pour lui ouvrir les yeux et l'esprit sur le monde, sans jamais oser le faire lui-même, a-t-il sa place auprès des jeunes?

Peut-on espérer quelque chose de bon d'un enseignement théorique? Fut-il bon de faire profiter la jeunesse d'un savoir, d'une connaissance, d'une passion, s'il n'y a plus de l'aspiration que la part liée à la transmission d'un tout abstrait concept, alors qu'apprend-on à notre jeunesse? On lui apprend l'Être, le Paraître et la répercussion de (notre) petite envergure. Avec un enseignement formé d'espoir de transmission, ne formerons-nous que des enseignants?

L'enseignant marquant, le grandiose, l'enseignant-dont-on-se-souviendra n'est-il pas celui qui pousse plus avant ses réalisations? Qui, loin de se contenter de marquer de petites considérations extra-temporelles une ou des générations, s'inscrit dans son ère, et rédige à tout moment l'histoire de l'évolution humaine?

J'en ai contre le caractère mars plastic du corps enseignant, qui s'est dévoué pour faire de mon expérience scolaire un moment agréable, en s'effaçant lui-même. En me montrant l'exemple de celui qui agit à petite échelle, espérant me faire agir à grande échelle, en se disant qu'en semant des graines il obtiendrait une plante. Mais à l'échéance, j'ai bien peur que le haricot ne produise que d'autres haricots. Et il faudra bien un jour un haricot noir, un cancer horticole... On espère trop de mutations génétiques chez les enseignants.

Je veux être l'enseignant-haricot qui fera pousser un bananier. Faut-il alors que je me fasse avocat (du diable?) et que, moutarde, je me monte au nez, que pomme, je me tombe sur la tête et que raisin, je me vinifie?

Pour que la saison du haricot soit fructueuse, il faudrait bien d'abord que je me plante, que je pousse, que je bourgeonne, et que je regarde plus loin que le bout de mes feuilles. Il y a là tout un jardin auquel je touche, par mes racines et par les tiges, tout un ciel où monter en graines et toute une terre à enrichir.

Alors, seulement alors, mars plastique n'aura pas eu tort. Je suppose qu'il faut parfois effacer quelques mauvais traits pour qu'un coup de crayon donne vie à la nature morte.*

D'accord. Prenons courage, mais surtout prenons engagement. J'ai vingt ans, le quart ou le cinquième d'une vie -- c'est déjà plus long que la vie d'un haricot, et encore plus que celle d'une gomme à effacer, surtout dans le coffre du castor-mangeur-de-gomme-pour-vrai que je suis -- et encore du temps, mais pas tant, pour être. Alors au pinceau, maestro, et chante ta pseudo-lucidité avant l'alzheim'ère.

* Comme ce texte aurait lui-même mérité quelques attentats revendiqués par Staedler.

samedi, octobre 22, 2005

Peuple

Résonance magnétique
Qui court à l'abandon public
Dans une sphère de plastique
Peuplée de bourgeois frénétiques
Boursouflés d’avantages chroniques
Qui prêchent la parole biblique
Combattant les reflux gastriques
Empoignant le long fer épique
Dénudent les mannes étatiques
Du bon sens de la république
En dépouillant leurs voix obliques
Sur la douceur érotique
De leur poche pleine de fric
Qui gicle, catastrophique
Asphyxiant la pensée critique
Pensionnaire philosophique
D’un orgueil psychotique
Oh! La douce musique
Le renouveau pédagogique
Les cerveaux dans l’acide sulfurique
La jeunesse électronique
La conscience, espoir tragique
Elle s’agite, hérétique!
Rapidité clinique :
Qui est dysphasique?
Choc! Choc! Choc électrique!
Du plomb dans l’aile psychiatrique
On a percé la barrique
Analgésique
Scandale écologique
Sous un ciel hermétique
Les esprits monarchiques
S’échauffent, climatiques
L’air tragique
Pas de panique!
La boulê médiatique
En mer cacophonique
Noie le dauphin dynamique
Longue nage ludique,
La solution basique !
Eureka! Pour la physique!
Et la gestion cyclique
Du roi, de sa clique
Ils scandent la logique
En termes dramatiques
Et l’ecclésiastique
En huis clos fornique
Sur la douceur rythmique
De nos plaies fantastiques
Opposant à nos briques
La foi, l’as de pique
Jésus l’orthopédique
Sur la sphère boulimique
D'Eurasie en Afrique
Jusqu’à la Manic’
Flux de pensée magique
En stéréophonique
On se nique.

samedi, octobre 15, 2005


La nouvelle castaphiore ;)

mercredi, octobre 12, 2005

Miss you beautiful lies.

Le problème de nos universités est de vouloir faire science de tout feu.

lundi, octobre 10, 2005

Démagogie

TERRORISME n.m. Ensemble d'actes de violence commis par une organisation pour créer un climat d'insécurité, pour exercer un chantage sur un gouvernement ...

VIOLENCE n.f. 1 Caractère de ce qui se manifeste, se produit ou produit ses effets avec une force intense, extrême, brutale.

Conclusion : les médias sont les plus grands terroristes.

L'inconnue de la radio

Ça y est, je ne comprends plus. La terreur qui se déchaîne, et les monts qui, eux, s'enchaînent. La misère humaine, la nature qui foudroie tout, tout, et l'humain qui tente de l'imiter dans le meilleur comme dans le pire.

Il n'est plus que question de temps avant que toutes les tours s'écroulent. Et j'ai envie de scander «soyons humbles, ne soyons pas vains, soyons raisonnables et pas craints»...

... « Il me semble, je veux dire, j'ai espoir d'un monde où le capitalisme serait pas là, où la relation aux objets seraient différentes, où on voudrait moins posséder», qu'elle disait à la radio, ce matin, quand je me suis réveillé, l'inconnue, d'une voix emportée, d'une voix chevrotante, d'une voix empreinte d'impatience, et de douleur, aussi.

Et j'entends d'ici la paternalité s'écrier : «crisse de folle, encore une autre qui vit dans un monde à part. Ça marche de même, dans la vie: si t'as pas d'argent tu vas nulle part»

Et j'aurais beau m'objecter, dire que, non, attends, on recommence, on part du début. OUBLIE l'argent. Je m'entends être rabroué.

- ben ça marche pas de même.»
- Ben crisse. C'est intolérable.
- si t'es pas capable de le tolérer, pourquoi tu vas pas jusqu'au bout, quitte-le ce monde là, dit-il, probablement davantage pour me provoquer. J'espère.
- J'ai essayé. Pis c'est dommage, mais je suis encore de ce monde-ci. Alors ce que j'essaie, maintenant, c'est de me dire que si c'est ainsi, peut-être il y a une raison.

J'essaie. Mais merde! Quand la nature se mêle de tout écrouler ce que l'homme avait la décence de laisser tenir debout...

Je n'y comprends plus rien. J'ai mal.

Delete (JP)

This life has been erased by the author.


Texte écrit pour le Coïtus impromptu

vendredi, octobre 07, 2005

Questionnement existentiel

Quand on arrive au ciel, est-ce qu'on plafonne?

- Luce

je vous entends aussi....

Je t'entends comme dans un cornet de crème glacée

- Camille

mercredi, octobre 05, 2005

De la vérité du suicide.

Toute mort est collective.

Un jour où je l'ai suicidé, de verte pâture, étrange rupture, j'ai omis de vendre mes louanges à la plèbe. J'ai senti le refrain envoûtant des prairies, et pour mieux paître, je l'ai lancée à retardement sur la place publique. Ensevelissant mes aïeux de pleures naturelles, j'ai, moi, renoncé. Geste fait. J'y ai mis tout mon espoir, toute ma sotte gloire pré-moderne. Le temps d'un sourire, d'une musique douce et populaire, je l'ai suicidée, cette vie immonde et glorieuse.

Cet étrange et biscornu Être bicéphale, je l'ai troué de la flèche du devoir. Nul ne saurait me contredire. Car nul ne sait. Car nul ne fuit jamais la ludique envie de fléchir, de ruiner les décorums, car on y participe, car on participe de la connerie collective. Mais enfin, pas avant de les suicider. Je suis parricide, traître, félon, coupable d'hérésie. Une section de ma foi s'est ennuyée, d'elle-même, du temps foetus où l'air est pur, où l'air est visqueux de sincérité.

Et désormais appuyé sur l'autre, sur la tête voisine, le coeur transmis par voies anales, par voix phallusiennes, par voies régurgitatrices, par larmoiements et par sueur, le coeur transmis, dis-je, j'ai expié sa vie, à lui, l'être qui devait en avoir terminé de se leurrer devant l'histoire et la plaie béante de l'humanité. J'ai coupé son cordon comme une corde par laquelle il s'asphyxiait. Je l'ai retenu, plutôt qu'il ne tombe, je l'ai glissé sous des draps d'un confort oblique, je l'ai transmué en dérisoire bouquet mortuaire. Il faut bien se décorer d'une plume, si le pigeon nous chie continuellement sur la tête, ce n'est pas par chance, mais parce qu'on occupe son territoire, dès lors, se convertir, s'armer des ailes d'Icare et rejoindre le soleil, pour mieux brûler, pour mieux, ensuite -- et enfin -- s'éteindre en un souffle rationnel, en une obscure étincelle, dernière lueur de l'être maudit.

Et l'explosion ne survint jamais.

Je l'ai suicidé parce qu'il tanguait, et qu'on n'accepte pas de chavirer. Je l'ai suicidé parce que l'obstacle de la course, trop de fois recommencée, s'élevait devant moi sans cesse comme le haricot jusques aux cieux, et que trop lourd, trop lourd, trop lourd. Et que d'un poids inacceptable, je ne me ruais pas vers Lui, je me ruais toujours vers moi, tombant, puis mon crachat sur moi, car si je voulais monter c'était pour Lui régurgiter dessus Ses affres et Ses espoirs, semés à tout vent, offerts à toute chair.

Je l'ai suicidé pour ne pas qu'il s'intériorise, pour ne pas qu'il s'aime, pour ne pas qu'il, de coeur délaissé -- rappelons-nous comme il l'avait transmis -- pour ne pas qu'il ne sache plus que faire que de s'aimer au travers d'une transmission inverse, digne retour à son espace vital, pour ne pas qu'il se fasse attente éternelle devant l'obscur égoïsme. Voilà, je l'ai suicidé pour que moi je vive, et m'aime par moi-même, et seul, peut-être, mais aimé, de moi du moins, de moi strictement et exclusivement, de moi aimé, admiré, adoré, et sans attente de l'autre entité céphalique, ni des autres, ni de Lui.

Taureau

Et de la Chair féconde ou non, et de la chair, dodue, visqueuse, de la Chair douloureuse, entrecoupée, striée, que l’on voit puer, et que l’on sent s’ouvrir, de la Chair, je me suis séparé. De la chair du monde, de l’autre, et d’elle, aussi, sans doute, de sa chair connue. Tout ça terminé, tout ça éteint, comme un faisceau qui disparaît d’envie de croître, qui disparaît comme la grenouille qui éclate, et du bœuf qui renaît. Oui, quand la grenouille éclate, le bœuf existe davantage, et, Taureau, et, Cornu, et, Lourd de son physique et de son âme obsolète, pourtant nouvelle, laboure le sol à pieds joints, quatre par quatre, véhicule terrestre, mais rotoculteur, sonde, mais aiguille lancinant à la tension de l’épiderme. Croûte. Obstacle infranchissable. Taureau.

On ne transperce pas un taureau. On le perce. On ne transperce pas un suicidé qui renaît, on le perce, il se referme. Je l’ai suicidé, qu’il renaisse Taureau et mérite la majuscule autant que Lui, mort en même temps que lui. Tous deux morts, le corps de l’éphèbe dans ses draps obliques, et le Dieu dont il était l’apôtre : lui en bas et Lui en haut, séparés d’un haricot immense.

Ne reste que moi. Période de gestation longue. Cordon d’une longueur de haricot. Et je ne me détacherai de l’utérus fatal que lorsque j’y accrocherai une goutte de moi et que je pourrai m’aimer, à sa suite, à travers lui ou elle, nouveau, qu’à travers l’enfant et la mère.

Je ne naîtrai plus avant la procréation, car la création originale est morte, un soir de novembre, sur une musique populaire entraînante.

D’autre part, et si la question vous tourmente, oui, je crains que ce ne soit par erreur qu’il ressuscite, un soir de perdition, un soir de vengeance inconsciente, un soir où dans le corps d'une femme, à demi-conscients, je revivrai, et c'est sans doute le seul moyen; ou alors qu’il soit à jamais mort. Car il faut pour l’enfant aimer la mère. Et je sais que je n’aime plus que moi, à contre sens et modestement.

Mais je n’attends plus.
Trop longtemps j’ai vécu de ce confus espoir
De quitter, à deux, avec une, le solide, le noir
Bougie
Qui d’elle-même, consumée, s’éteint
Sur trame de pop-beat nauséeux

Et vomira demain son existence.

Mieux vaut s’armer d’amour-propre, Taureau.

DUNE CHAUVE DE TOMBOUCTOU

(rêverie plane)

Moi, moite, mort
Toi, tatie, tortue
Tus, tantôt tués
Alors, à l'heure: l'or

Nul ne nuit à l'ennui
Nous ne serons ni noceurs
Ni nus sous noirceur
Nul ne nourrit la nuit

Quand tant et tant d'amants
Dès hier destinés à derrière
En t'aimant en amants hésitants
furent fuis, fruit d'envie
Fer froid, frais d'enfer
Parti pris, fruit a fuit

Alors, à l'heure: l'or
L'heur : l'orage lorgne
Tus, tantôt tués
Froissés, frêles, foudroyés
Toi, tatie, tortue
Tendre, t'entendre tendue
Moi, moite, mort
Ma Terre, Mer, m'ignore

Solidad, seuls au sol, sales
Son sein chaud signe sous châle
La frousse éclabousse la douce
Solidad, seul ensemble, sale
Et la mer qui ruisselle :
Ses flots écument la mousse
Comme le temps quitte l'amour (Je m'en deule)
Mais l'inverse surtout

Et nous rêvons toujours (mais seul)
D'une nuit chaude à Tombouctou



Texte écrit pour le Coïtus impromptu

dimanche, octobre 02, 2005

Les vains coeurs

Je creuse les catacombes,
J'ouvrirai toutes mes tombes
Je verrai tous mes morts
Ils ne sont plus trop forts
Ils ne sont plus trop forts

Faut voir aussi les airs
Je volerai dans le tonnerre
Je verrai tous mes pairs
Ils savent bien me plaire
Ils savent bien me plaire

Et je n'oublie pas les eaux
J'y nagerai comme un sot
Je m'y noierai bientôt
Et c'est déjà trop beau
Et c'est déjà trop beau

Je ne fouille pas chez toi
Je ne voudrai pas de toi
Car je fuis le bonheur
J'en ai marre des vains coeurs
J'en ai marre des vains coeurs

Le missilaire

J'ai reçu sur la tête un missile
Une missive, un avis, une requête
Une commande de ces imbéciles
J'ai reçu sur la tête un air bête

J'ai reçu dans le dos une fléchette
Un assoiffé, une virgule, une sangsue
Un passage sous ma peau en cachette
J'ai reçu dans le dos un surplus

Je sombre, je pénombre, je flashe,
J'électrique, je débranche, je flanche,
Je grille, je bouscule, je pendule,
Je vole, je m'isole, je recule!

J'ai reçu dans la tête un grand Dieu
Un roman, une bible, un papier
Le commandant m'a sommé d'un aveu
J'ai reçu dans la tête une idée

J'ai reçu sur la terre un missile
A big bang, an earthquake, a heartbreak
They told me I shall pay the bill
J'ai reçu sur la terre, moi, un Être

Exit. 2

Tu sais pas
Combien l'heure est grave
Chaque seconde fuit les silences
Chaque seconde me brave
Et l'abime où je balance

Tu sais pas
Si les jours seront longs
Cloîtré dans la pénombre
Cloîtré dans l'abandon
En ces terres macabres

Ô! les cimetierres
Dans lesquels on erre
Sont peuplés de fantômes
De fêtards immondes
Sont peuplés de fanfarrons
Qui se multiplient dans l'onde...

Tu sais pas
Combien nous sommes malades
Et je voudrais un vaccin
Et je voudrais faire une ballade
Mais l'abime et toutes ses mains

Tu sais pas
Si je serai mort ou vif
Les dernières heures sont lourdes
Les dernières heures trop pensif
Sous ces nuées blafardes

Tu sais pas
Tu sais rien de tout ça

Wanna quit?
C'est par là.

Exit.

Tu sais pas l'angoisse,
Les journées perdues,
Les sanglort qui passent
Les révoltes déçues
Les rochers desquels je tombe
Les route qui s'innondent
Les cieux qui s'esclaffent
Les torrents qui s'éclatent
Tu sais pas,
tu sais rien de tout ça


Tu sais pas le doute
Les heures bien rongées
Le sommeil sur la route
Les souliers tout perçés
Les étalages de whisky,
Rock and coke in lost city
Les macchabées de Singapour
Les idiots sur le pourtour
Tu sais pas,
tu sais rien de tout ça

Tu sais pas ma vie
Les pas-du-tout et les riens
Les attentes et les vides
Le poids sur les reins
La guerre continuelle
No man's land all around
Les jours qui s'échouent
Et la vie éternelle ...
Tu sais pas.
Tu sais rien de tout ça.

Wanna quit?
C'est par là...

***

même la sincérité sonne pu bien. fuck ..

samedi, septembre 24, 2005

Correspondances à Renard.

Alors je suis de retour en terre d'exil, Montréal la grande visqueuse et puante, où l'air est à peine respirable... mais où il fait si bon choir au beau milieu d'une hétéroclite et certainement discutable réussite... (Tant en ce qui me concerne qu'en ce qui touche mon environnement)

Je vis, je vis, et avec moi, et dans mon esprit, tant et tant de personnages de la littérature passée et à venir. Oui, l'enseignement comme une voie à emprunter pour mieux assumer ma prétention à l'échec d'une vie et ma prétention tout court, oui, la litérature pour pallier à cette sombre destinée, à cet obscur regard sur moi-même, oui, plutôt que vivre, faire vivre ou revivre de grandioses personnages. Et je perçois ceci d'intéressant en cette perspective : rien de tout ça ne me déplait.

Au contraire, une motivation qui se dessinait d'abord à gros traits et lentement se précise : racheter auprès des générations à venir l'espoir que j'aurai perdu par ma propre lâcheté. Et d'ailleurs tu sauras me dire quelles sont tes idées sur le sujet; j'ai de plus en plus l'impression que l'enseignement est une jolie façon de reporter sur ses étudiants, élèves, la volonté que nous-mêmes avions de refondre le monde. Car s'il est une chose que j'aie retenue de tes deux cours, comme de ceux d'autres enseignants, c'est un bouillonnement, une effervescence, une volonté toute renouvelée de prendre part à l'amélioration de lieux, qu'ils fussent communs ou tout personnels. Ce qui, je le précise, n'exclut aucunement de prendre activement part auxdits changements souhaités, et ne saurait pardonner par ailleurs de s'en dispenser...

Mais peut-être suis-je encore trop excité par une vision que j'ai moi-même construite d'un monde meilleur. Peut-être en fait n'y a-t-il rien à changer, mais tout simplement une beauté à perpétuer. Or, je m'attriste à l'idée que cet univers soit fini, et désespère d'entendre que son sort soit d'ores et déjà réglé. Je ne sais dire pourquoi j'aspire à autre chose, peut-être par l'esprit de contradiction si nécessaire à l'évolution, alors qu'elle-même n'est peut-être qu'une bévue de l'âme et du bon sens. Qui sait, après tout?

Peut-être devrais-je tout autrement me concentrer sur moi, mais que suis-je pour mériter tant d'égards, au regard de l'humanité toute entière. Je suis trop futile, trop grain-de-sable-dans-l'univers pour mériter quelque effort que ce soit, et tout à la fois trop de cette même essence, misère, pour avoir une quelconque influence. Me changer moi-même, être moi-même de la nature que je désire pour l'Homme, et me répercuter? Certes, mais en l'absence d'assurance de la répercution, je m'effondre.

Je discutais hier soir avec un collègue de travail des plus désagréables, et qui pour une première fois se montrait dans toute son humanité entre une carte de punch et une montagne de cartons à recycler : aux abords de la cinquantaine, après avoir vécu maintes années dans la solitude la plus totale qui permette néanmoins la survie, il a décidé d'entreprendre des études, littérature, philosophie, non comme une fin mais comme un moyen; moyen de se connaître et d'avancer, serein, jusqu'à la mort. Peut-être est-ce l'unique voie? Mais j'ai bien amplement de temps pour le découvrir.

Du reste, il y a trop de politique, trop d'inacceptable, trop de révoltes ou de révolutions envisageables pour que je me confine à ma petite et vaine existence, alors je persiste et cherche en tout livre, en toute relation, morte ou vive, des armes en vue de me faire chevalier, en vue de ma conquête du Saint Graal, et tel Perceval et tous les autres, je ne sais pas même jusques ici quel il est, cet objet de Malheur. Peut-être l'élément même qui déclanche ma frustration lorsque devant la futilité et la superficialité de certains êtres, je rage de ne pouvoir les convaincre de leur insolente indifférence. Mais qui suis-je pour décider de ce qui doit importer, de ce qui n'est pas futile, si eux-mêmes ont -- encore faut-il qu'ils y aient véritablement réfléchi -- si eux-mêmes, disions-nous, ont décidé que c'est en de tels questionnements que réside la futilité.

Car il m'appert y avoir sur cette terre trois types d'individus, dont la différienciation n'est peut-être pas purement et simplement théorique...

1. Ceux qui n'entendent rien des questionnements plus profonds
2. Ceux qui perçoivent, mais sans leurs réponses, de questions que je n'ai d'autre choix que de qualifier d'existentielles, malgré mon dédain de la consacration du mot comme d'une ère nécessaire de l'adolescence...
3. Ceux qui ont renoncé à chercher les réponses et, en conséquence, agissent comme les premiers en aveugles, et, souvent, en barbares.

Et j'hésite, j'hésite, à savoir si je dois suivre mon instinct qui me dicte d'en condamner certains. Ma sensibilité n'est pas celle d'autres et inversement. Mais j'ai la certitude qu'il existe différents niveaux d'intelligence, et j'abhore les populistes et démagogues gauchistes qui prétendent que tous ont les mêmes capacités d'entendement. Physiquement, neurologiquement ne sont pas synonymes de psychologiquement et spirituellement, non plus de consciemment.

Je crains m'être emporté et tu m'accuseras encore de tenir un discours pompeux, enflé et ampoulé. Soit. Mais combien honnête.

Tu demandais des nouvelles, et, me relisant, je me dis qu'il n'y en avait peut-être pas... Mais bien des questions à poser à un vieux renard grisonnant.

mercredi, septembre 21, 2005

Né pour un petit pain

Sur ça va aller, de Catherine Mavrikakis, temple dédié à la beauté de la honte nationale.

«Si la religion est l’opium du peuple, l’enfance est l’héroïne de l’individu. Ride the dragon, then let it die alone.»


Québec! Québec ma muse morte. Québec avec son gros cul, avec ses bottes sales de bûcheron agoraphobe. Ah! Québec de Valcourt et de Sainte-Sophie. Québec qui meurt, dit-elle, l’auteure, avec un «e» parce que, dit-elle, elle, la femme de lettres, que le Québec est si doux, si mou, qu’il met des «e» pour féminiser, pour attendrir, pour égaliser, pour niveler. Québec qui est mort, et enterré sous terre, pour n’être jamais plus grand, jamais plus beau, jamais plus. Québec qui ne grandira pas, Québec qui souffre d’un retard de vieillissement, et dont les cellules, individus profanes et cloîtrés ne font, elles, que vieillir. Québec qui se compare et se désole, Québec qui contredit ses propres adages. Québec invisible, inconsolable. Québec qui voit tous ces pays. Tous ces pays qui lui échappent. Tous ces Grand-Pères pays, toutes ces Ancêtres-Nations, toutes ces reluisantes et visqueuses aspirations.

Que sont tous ces pays, aboutis, physiquement mature?

Que sont la France, hésitante entre ses six côtés, la suisse, tout naturellement au beau neutre, l'Angleterre, magnifique empire sur lequel le soleil ne se lève jamais, and God Save The Queen! Mais puisqu'à certains, l'Europe pue au nez, qu'est donc le Japon, muet, docile, travaillant; que sont donc les zétas zunis, force active pour le bien dans le monde (!), et puis, pourquoi pas, qu'est l'Argentine ...que se vayan todos ... depuis qu'il n'y a plus de quoi vivre...

Atteint un objectif, atteinte une victoire, une finalité, et sur un point de chute. Quoi encore? Expansion territoriale? Économique? Oui! Oui, jusqu'à ce que l'explosion, jusqu'à ce que la solitude, jusqu'à ce que plus soif? Oui, oui, rien contre.

Mais encore. On construisait des pays, de beaux, d'immenses magnifiques et grandioses pays pour l'autarcie, pour le pouvoir d'achat, pour le confort, pour, enfin, pour... le confort, il sert à ... non! Tout mais pas ça!! Non, non, non, non... disposer de temps pour évoluer, en tant qu'espèce, en tant qu'être vivant, membre d'une communauté, peut-être, oui, peut-être, comme le disait Jacquard, pour aller à la rencontre de l'autre? Et vive la mondialisation, maintenant.

Mais dites-moi, madame Mavrikakis, quelle est donc cette ambition dont votre personnage veut tant? De la destruction, de la grande morsure quotidienne. Soit. Pour reconstruire, faire plus beau, dire mieux, vivre plus doucement, s'attendrir et mourir? Pas même. Pour, alors, le spectacle? La futilité du spectacle et la beauté de l'acceptation du vide... Et la dignité de la mort dans la connaissance...

De tels personnages existent, de telles personnes vivent, elles déambulent rue De Lorimier, Mont-Royal, Darlington, Ste-Catherine, Dorchester, Notre-Dame, Broadway, 5th avenue, des Champs Élysées, ou, oui, ou… où, où encore?

Mais lucides. Mais conscientes. Mais, bien au fait d’être en ce monde intolérable d’inutilité, de mensonge, de cynisme, de dérision. Prévenues, de n’avoir probablement rien derrière et certainement rien devant. Et lucides. Et conscientes. Personnes conscientes que le monde dans lequel nous vivons est une vrille interminable, qui nous soûle si l’on y est et nous rebute si l’on n’y est pas. Et qu’il valait peut-être mieux y être, nauséeux, mais ne jamais rien connaître du dégoût.

Et je ne sais plus qu’en dire, qu’en penser. De ces gens, de votre personnage, de votre livre. Car au-delà de ce que je ne sais saisir, il y a peut-être la projection que je fais. Il y a peut-être l’inclusion fautive, et la simple existence de ce mémo relève sans doute de l’erreur fondamentale. Je ne sais plus trop. Je ne me souviens plus.

Ce que je tenais à vous dire, c’est que j’ai détesté votre livre. Au point de me dépêcher de le finir pour avec un peu de chance ne plus jamais y revenir. Et que je l’ai aimé. Au point de le détester.

Au fait : «Lou n’est qu’avenir», p. 131. Bravo! Bravissimo! Brava Catherine Mevrikakis! Quelle blague! Voir dans l’enfance l’avenir du monde. Voir dans la progéniture le futur de l’humanité. Depuis Freud? Depuis Sparte? Depuis Ève? Depuis le grand jardin? Depuis toujours et pour les siècles des siècles. Amen. Si la religion est l’opium du peuple, l’enfance est l’héroïne de l’individu. Ride the dragon, then let it die alone.

Québec, québec ma muse morte? québec ti-q, québec ti-gus, ti-coq, québec ma muse bien vivante, québec mon reste de rien, ma bouillie, mes asperges en can et mon pâté chinois, québec incolore et suave, québec mon anatomie, québec, certes pas ma tête ni mon cœur, ni mes entrailles ni mes fils, québec de rien du tout, terre natale et puis fatale.

Québec, Québec partout parce que comme tout le monde, comme toute la mappemonde, avec sa tête de chien, comme une part de la petite famille, sale cabot, mais familial, et sous les érables, s’en va pisser contre un tronc, parce que Québec laisse sa trace, comme tout le monde, parce que Québec pisse et s’éviscère un jour, comme tout le monde, parce que Québec, moi, vous, n’importe qui, n’importe où, et n’importe quand, comme tout le monde, parce qu’en s’excusant, parce qu’en scandant «Hey! Speak White!», parce qu’en maugréant «C’est toi qui part, ou moi je te quitte», parce qu’en fredonnant que «sur les plaines d’abraham, l’armée trinquait à l’eau de vie», parce qu’en ruisselant sur «mon St-Laurent, si grand, si grand», parce qu’en s’ennuyant, à La Manic ou à Gaspé, assis sur l’bord d’notre trou, à se creuser la tête, parce qu’en ne tuant pas cette beauté du monde, alors, peut-être, oui, peut-être bien qu’on erre, mais c’est tout de même un peu vivre. C’est tout de même, encore, un peu, exister, soi-même, sans reporter sur l’enfance les espoirs de grandeur.

Né pour un petit pain, soit. C’est encore mieux que de mourir sans Comprendre.

dimanche, septembre 18, 2005

abstract.

« on sait que les jours ont passé quand on ne perçoit plus dans les yeux d’une femme que les cauchemars qui ont meublé sa nuit; et que même en ce cas nous savons qu’ils ont été différents des nôtres. D’abord on partage des rêves, ensuite des cauchemars, et vient un jour où l’on partage les meubles. »

mercredi, septembre 14, 2005

Smog sur ma vie

(titre emprunté, je crois. Google ne recense aucun article. Google n'est pas omniscient.)

Chaleur. Chaleur insupportable et suffocante. Pas tant la chaleur de la ville que celle de son corps contre le mien. Mais encore, pas la chaleur comme l'énergie calorique s'en dégageant, et par les voies de la conduction se transmettant d'elle à moi. Bien davantage son amour énergique. Suffocant.

Car persiste comme en tout épisode de chaleur intense, un smog entre nous. Un smog sur ma vie. La perte de la jouissance de l'air qui circule aisément, et du ciel métallique. Métalliquement bleu. Le bleu se recrée aux hasards des aurores, même sous le smog. Le métal, lui, dépoli, tinte, clochette vide aux abords de ma vie, des sons stridents. Des sons qui exhortent la fuite de fuir. Des sons qui renoncent au renoncement. Même dans l'action, on renonce. On désarçonne.

Persiste donc un smog entre nous. Une poussiéreuse vertu.

...

Et j'oublie, tout en oubliant d'avoir mal. Mais c'est beaucoup plus facile de dire que vous omettez d'enfoncer en moi tous pieux qui me blesseraient.

je me fais critique.

Honteuse introspection parce que nombriliste, je me fais critique.

Les algues poussent à l'envers, parce que je suis bien -- mais pour combien de temps; une semaine, encore, demandait celui-ci..?.. Parce que le confort en est un des plus vides, parce que je me sens bien dans rien, et non pas je «NE» me sens bien dans rien. L'absolu inexistant ne me déplait même pas. Et, et au fond, j'aimerais peut-être qu'il me fasse encore souffrir. Mais inventons donc une vie.

The beautiful lies, "les beaux mensonges" ou alors "la beauté ment" -- merci, toi -- ne seront que plus vraisemblablement faux.

JP

lundi, septembre 05, 2005

note à moi-même. Coupures radicales. 22 juillet. 1er septembre. ;)

dimanche, septembre 04, 2005

Les algues poussent à l'envers

N'y'a plus d'effluves
Les terres sont fendues
Demain dérive
Je ne suis plus

Je ne suis plus que la ficelle
L'air d'une chanson oubliée
Dérisoire et je me morcelle
Debout, nu sur ces sentiers
Que j'ai trop épiés
Et j'ai tant marché
Pour aboutir, idéale solitude
Pour m'apauvrir, vie absurde
Trop de rêves éventrés

Je ne suis plus que l'hirondelle
Annonciatrice de rien du tout
Mes yeux m'ensorcellent
Nu sur ces sentiers, debout
Tout est si doux
Et je suis si fou
Que j'aboutis, idéale solitude
Et m'apauvris, vie absurde
Trop de rêves en nous

N'y'a plus d'effluves
Les terres sont fendues
Demain dérive
Nous ne sommes plus

jeudi, septembre 01, 2005

Entre les branches

C'était un jour très froid
Sur les arbres de nos jours
a soufflé un vent d'effroi
Un spasme, un retour
Et la douceur de nos airs bêtes
J'ai détourné la tête,
en un frisson
Et perdu mes horizons

jeudi, août 25, 2005

On s'apaisera

On s'apaisera
Des douceurs de provence
De ciels couverts de nous
D'un pas de danse
Du temps qui passera

On s'apaisera
D'un lupin de papier
De rivières folles en nous
D'un jour d'été
Du temps qui fuira

On s'apaisera
D'un savon doux
De parfums riches de nous
D'une pluie d'époux
Du temps qui partira

On s'apaisera
De routes croisées
De baisers d'autres que nous
D'un nouveau-né
De n'être plus là.

l'importance des jours où on ne sait pas

Si l'important, c'est d'aimer
Mais qu'on s'enfuit toujours
Pour espérer...
le coeur, mi léger mi lourd
Vers d'ailleurs lointains
je n'aurai de cesse
je boirai du vin
et je tiendrai promesse

Et si l'important, c'est d'aimer
Mais qu'on repart toujours
pour s'envoler...
le coeur, mi léger mi lourd
vers d'autres horizons
qui, toujours, seront
aussi triste que mornes
Et futiles et vains
Mais nous savons que Rome,
n'est pas si loin.

Et que l'amour n'est qu'un
Et qu'il n'a pas de fin
Alors, je croirai, enfin
Que peut-être, qu'un...
Ou des... ou... demain?

Ou jamais, ou rien.

Si l'important c'est d'aimer
L'important c'est d'y croire
Qu'importe tout le noir
L'important, c'est d'espérer

mercredi, août 24, 2005

Innondation

Sur des flots intemporels
Que les lunes n'éclipsent jamais
Je flotte
Échaudé, noyé
Une mer immense et riche
Gorgée de douceur infinie
Habillée de soie verte
Et morte en mon coeur

Rengaine du rompu

Dormir
Jusqu'au méandres de la solitude
Et ne vivre que de rêves abolis
Des déserts de plénitude
À envier tous les malapris

Dormir, fuir
À jamais sur des terres d'Asie
Sur des chemins pavés vendus
Dérouter les dieux ébahis
Jusqu'à la mort prétendue

Fuir
À contretemps sur un fil rompu
Soulevé de vicissitudes
Enseveli à maudire, mains nues
Des torrents d'incertitude

Et l'existence éternelle est une plaie impansable.

Enfantons.

On perd l'enfance et on veut procréer.

Comme si on la retrouvait, quelle plaie!

lundi, août 22, 2005

M'enfin

M'enfin, ça va
Je vois bien
Vraiment, ça ira
Ou peut-être demain

Même si à franchement parler
J'en ai rudement marre.

Bof.

dimanche, août 21, 2005

Racoleuse.

Nos deux corps ensembles
Tiédissent tous nos sangs
Le tiens chaud refroidit
Et moi je vieillis

Regarde sous nos peaux éperdues
Les citées manuscrites
Sur des pierres inédites
Et j'espère un peu plus

Mais désormais piégés
Je perçois la chute
Nos étoiles tombées
Sur des sentiers abrupts

Rêves-tu ou tu meurs?
Ou tu fuis, ou tu craques
Peux-tu croire que je pleure
Tout mon soûl sur l'arnaque

Nos deux corps ensembles
Tiédissent tous nos sangs
Le tiens chaud refroidit
Et moi je vieillis

Mais vois donc mon amour
Mon amie inconnue
Touche de ce velours
Par-delà nos corps nus

Je sais bien l'incongru
Tu rigoles, j'ai la haine
D'une victime éperdue
Sans appel, je m'égraine

Et je veux t'émouvoir
Je m'enlise, c'est notoire
À tout perdre, la raison
N'est plus qu'une tradition

Et puisqu'on en viole déjà...
Racoleuse, tu m'a eu.

Nos deux corps ensembles
Tiédissent tous nos sangs
Le tiens chaud refroidit
Et je me meurtris.

Génie et bouteille

Ils s'en allaient, peinards
Où bien bu c'est pléonasme
Sur le chemin des routards
Derrière et devant que marasmes

À la croisée d'hier et demain,
cuvaient en quarantaine des vins
Aux effluves effeuillées, vilaines
Jusqu'au cul des porcelaines

Mais, vil exemple taciturne
S'ennivraient et, vauriens
Se terraient sous des urnes
Qu'échapperaient à vos mains

Fallait pas dire «après»
C'était bien trop loin
L'avenir est tout près
Quand on ne voit pas sa main

Encore déroutaient les ringards
Sur de nébuleux sentiers
Et n'y trouvèrent, malabars
Que des pierres esseulées

Dans le ventre des chiens,
S'entassaient les whisky
Ah! ce qu'on rirait bien
Si nous y étions aussi

Et ce fut la pagaille
Entre l'homme et la nuit
Cherchez pas trop la faille
Les souvenirs sont enfuis

Mais à la mer de Champlain
S'sont jetés comme des louttres
Nos deux bons citadins
Avaient goût pour la goutte

Sur le chemin des départs
Y'a que sables mouvants
Où s'enliseront tôt où tard
Même les bons vivants.

L'air pur

Déjà je respire un peu mieux
Comme les feuilles d'un stolon se tendent
Vers l'avenir lumineux
Où les nébuleuses nous attendent.

jeudi, août 18, 2005

En bouteille (de verre.)

Je suis une mouche
Vulgaire volatile
Quelques ailes fragiles
Au coin d'une bouche

Puis j'ai trouvé ma fenêtre, pas idée comment je vais me la pêter, la tête, à reculons, avançons, tourbillon, à tâtons et à perdre la raison, j'ai trouvé ma fenêtre et je vais m'y cogner, m'y sabler, m'y sabrer si elle se casse, je vais m'égosiller les ailes, rien de moins, je vais m'y pendre à toutes les toiles, m'en fiche, c'est ma fenêtre. Et vivement que j'y laisse ma tête.

sans se revoir

Je n'veux plus mentir
Jamais plus aimer
Aller et venir

Sans dire au revoir
m'en retourner.
Encore.



Ça nous change bien peu d'autrefois.

lundi, août 15, 2005

étrange

C'est bizarre comme y'a pas besoin d'être heureux dans la vie pour que tout ce qu'on écrive pendant une certaine période, pouvant s'allonger de quelques jours à une vie entière, soit de la merde. hé merde!

jeudi, août 11, 2005

tentative.

Le monde pour moi se résume
à un album-timbre en deux volumes
Viens voir ici en Sibérie
Ce grand carré qui nous unit.

Encore plus loin.

Demain n'est plus si loin
L'aurore elle-même s'endort
Enfin, si je touchais ta main
Peut-être serions nous morts

Demain n'est plus si loin
Et s'il pleuvait dehors
Et si tout n'était pas vain
Et si sur ton corps...

Demain n'est plus si loin
Je sens ton souffle éteint
S'épancher sur le mien
Peut-être attendre demain.

En bouteille.

Je suis une mouche
Vulgaire volatile
Épiderme tactile
Scrupules farouches

Saisie en vol
Grisée de sucs
Morte au sol
Gisante, caduque

L'aile lasse
Volé trop haut
Trop vite, sans classe
Perdu l'assaut

Resaisis moi
à petit feu
suggère l'émoi
Prends moi si peu

Je suis une mouche
Éteinte, volée
Une pauvre mouche
Domestiquée

mercredi, août 10, 2005

Oh yeah you... got that something.... (-tB.)

You quit with my shirt,
Undressed me 'till I was a rock
Nude and lonesome in the dirt
Shall you come back and unlock
me, before I go crazy or blind
For one time I might wanna be kind.

With you i might wanna be kind.

jeudi, août 04, 2005

Ça manque brutalement de second niveau.

Sauriez-vous saisir
Ce qui m'échappe
J'ai l'âme volage
Et l'heur de fuir

Sauriez-vous suspendre
Mes envies d'être
Au profil des andes
Sans disparaître

Sauriez-vous m'aimer
peu moins que rien
Cela malgré
Mon bien lointain

Sauriez-vous planter
Sans vous salir
Un seul baiser
Et me sourire.

vendredi, juillet 22, 2005

L'annuelle

Chercher à rendre l'âme
Dans les méandres lointains
D'un être taciturne en fables
Les douleurs projetées
sur des murs de bois vert.

Réduire à l'inexorable
L'envie d'élaborer
Des rêves à n'en plus finir
D'une fin concise et impudique

Et vendre des coeurs de jours
Des réduits de fruits rouges
S'approprier des parcelles
Des terres inédites
Résidences de vagabonds échaudés.

Enfin, cueillir, à même l'arbre centenaire
La délicate rosée claire
De jours légers, empruntés
Lentement, s'arroger
Droit de passage dans l'air
Viscérale propriété
d'une fleur sauvage épargnée.

Croire à s'en vendre l'âme
Séjour infini
Sur le soleil d'ambre
Qu'elle prendra vie.

dimanche, juin 19, 2005


qui dit quoi?

samedi, juin 18, 2005

You may

you may kill yourself baby
I might not be the one who'd care, now

cause there ain't no way I'll
ever understand
your kind of passion

between black and white,
I think I’ve chosen my side
and it’s clear to me now
it’s clear as the whitest drapes
hanging in these shadows of yours
in these black curtains of yours

you may do your own now baby
I might not be the one who’d care, now

cause there ain’t no way I’ll
ever want to travel
this kind of a trip

nowhere or elsewhere
I think I’ve chosen my side
and it’s long way for me now
it’s far as the furthest drives
far beyond these shadows of yours
these dark roads of yours

you may go back to your dreams baby
I might not be the one who’d sleep, now

cause there ain’t no way I’ll
ever quit, eh
holding on to pieces of nothing

between day and night
I’m sure I’ve chosen my sight
and it’s hard to me now
It’s hard as the concrete walls
immuring these shadows of yours
these nightmares of yours

holding on to pieces of nothing
holding on to pieces of nothing.

« So long, farewell, auf Wiedersehen, good night
I hate to go and leave this pretty sight. »


jeudi, juin 16, 2005

Les doigts gelés


Clin d'oeil à Julie.

Les chapeaux de spleen

« Le calembour est la fiente de l’esprit qui vole » (Hugo)


y'a plus d'aurore
tous les matins sont gris
à demi clos
y'a plus d'hasard
et sans ta vie
et sans ta peau

et les chapeaux
de spleen pleurent
des lames de nuit
des larmes de jour
bavure exquise
et, calembour
sur l'existence modeste
et l'absence infinie

y'a plus d'aurore
tous les matins sont nuits
totalement clos
exactement clos
parfaitement clos

bêtement, c’est clos.


Périple

« amer savoir, celui qu'on tire du voyage » (Baudelaire)


Conasse
T’as rien compris.
Y’a pas de départ!
Y’a pas de billet
Pas de date, pas d’extra fees.
À peine un «quelque part»
Quand on voyage à pieds.

Vraiment, conasse,
T’as rien compris.
Ou j’me suis mal exprimé.
Tant pis.

P’t’être qu’on est deux
À être des cons.


Lettre d'émission.

À l’emmerdeur,

La présente est pour vous informer que je fuirai, à compter d’hier, votre establishment.

Voici un mois que je suis emmerdé de votre compagnie, et je ne crains plus de constater qu’elle contrevient à mes plus intimes convictions. Je tiens à préciser, davantage pour moi-même que pour sa majesté, qu’aucune raison de santé ou nouveau départ ne me force à quitter. Seulement, vous comprendrez sans doute ma hâte de partir, compte tenu de ma haine de pâtir.

J’ai connu l’entreprise bien avant que vous l’annexiez à votre portefeuille et je puis vous dire avec tout mon irrespect qu’elle fut naguère un endroit où il faisait bon travailler. Ce temps étant révolu, j’ose espérer que vous tardiez maintenant à trouver un nouvel employé sous-payé acceptant de se faire engueuler quotidiennement pour des fadaises ou des fraises.

J’aimerais au passage souligner qu’il m’a été pénible d’endurer votre chiant aplomb boomer­ et votre pédantisme, de même que votre VUS. Votre irresponsabilité à l’égard de la société n’a d’égal que mon mépris pour vous. Par ailleurs, sous aucune considération je n’en aurai pour les monarques qui, parce qu’ils ont réussi à force d’artifice et de mensonge, croient comme vous en avoir à remontrer aux potentiels serfs.

C’est pourquoi, m étant une lettre de démission et aussi de majeur, je vous les adresse conjointement.

Acceptez avec déshonneur mes salutations indistinctes,

Votre infidèle cavalier,
moi.


lundi, juin 13, 2005

M'en vais

Je marche
Je marche
Je marche

Je m'éloigne
Je m'en vais.

Et cette voix à l'intérieur
qui me répète
sans cesse
«You are alone
You are alone
You are alone
You are so fucking alone right now.»

So fucking alone... right...
Now.

lundi, mai 30, 2005

Nacht!

«Nacht!»
Crièrent-ils en silence
Enfin la nuit, ils mourraient.

«Nacht!»
Souffla-t-elle en transe
C'est la nuit, si on s'ouvrait.
«Nacht!»
Cria-t-il, en silence
Déjà la nuit. Il mourait.
«Nacht!»

dimanche, mai 29, 2005


Genevi�ve sur b�ton.

Une ancre et une plume

À quelle heure, le prochain envol?
Suspendus, nous parcourrons Venise
Bien au dessus des amants des gondoles
Qui couleront bien un jour
Tous les bateaux un jour pourrissent

C’est quand, la prochaine marée?
Je mettrai à l’eau une ancre et une plume.
Je me noierai de certitudes
Et sous les brumes je flotterai.

À quelle heure, le prochain envol?
Pieds battants, nous partirons fébriles
Bien au-delà des sommets des alpes
Qui sont tous trop petits
Tout continent n’est en fait qu’île.

C’est quand, la prochaine marée?
Je mettrai à l’eau une ancre et une plume
Mais tu sais bien, je m’en irai
La mer finit toujours par tout bouffer.

C'est "concrete".

Geneviève me l'a dit. C'est «concrete». «Béton», c'est «concrete».
Ça a du sens, quand même. Montréal est trop concret. Trop réel. Trop exprimé. Trop manuel d'instruction.

vendredi, mai 20, 2005

J'avais oublié Ferré

Souvenir d'une ère que je n'aurais jamais dû quitter. Le sentiment associé à l'insouciance, à la véritable légèreté de l'être...

C'est un gosse qui s'amuse. Qui incarne la vie d'un autre, et qui se trouve réjoui de scander à haute voix « y'en a marre », comme si de chanter « On vit on mange et puis on meurt, vous ne trouvez pas que c'est charmant et qu'ça suffit à notre bonheur » avait quelque chose de joyeux.

Pourtant je rayonnais. Je vivais de le hurler, de le croire. Mais risiblement, je ne comprenais pas. J'y pigeais rien. Et c'était bien.

mardi, mai 17, 2005

Part of the truth.


Combattons les idées préconçues. Il arrive qu'elle ne tombe pas du côté beurré.

vendredi, mai 13, 2005

Publicité...

Une fille, peau nacrée, en tenue légère mais découpée. Sans fioritures, droite. Tenue style sport d'intérieur. Style bikini presque grossier, mais quelle fille! mais quel corps y'a là-dessous. Devant elle, un miroir. Beau miroir. Cadre de bois, look moderne. La fille s'y mire. Regard chaleureux dans la glace, de quoi vous faire fondre.

Titre : « Réfléchissez-y »

Signature : « Vitrerie Du Sablon »

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Je sais, ça fait très «99 francs», mais ça expose bien l'idée que j'avais en tête dans le dernier texte.

Tout l'occident...

Au XXIe siècle, l'occident a fait le pari de se gouverner et de re régir grâce à une loi naturelle et strictement animale. Le désir de reproduction de l'homme allait devenir le Graal de la modernité : désormais, plus que le phénomène lui-même de procréation, ce devrait être l'idée de la procréation qui discriminerait riches et pauvres, populaires et impopulaires, dominés et dominants.

Qui a un sex appeal grandiose obtiendra carrière grandiose, richesse, et popularité. Désormais, le potentiel de reproductivité distingue physiquement ceux qui réussissent de ceux qui échouent. Cela a avoir avec la beauté physique (évaluable selon des critères sans cesse remodelés et toujours plus sévères), avec la personnalité (la plus légère et la plus accessible étant la plus prometteuse de jouissance physique), ainsi qu'avec la conformité sociale de l'esprit, proposant que quiconque est peu critique risque moins de vous critiquer. Quoique...

En effet, on n'a de cesse de considérer la femme fatale inaccessible, belle et distinguée mais toujours réservée de prime abord. Ce qu'il y a de merveilleux dans l'american dream, c'est que même le dernier des nullards, s'il éveille ses profondes pulsions, deviendra grand tombeur et accèdera aux plaisirs «interdits» avec ladite femme de ses rêves.

De son côté, l'homme de rêve est probablement beau et grand, fier, mais dans son regard, ce "petit quelque chose" mystérieux lui confère la supériorité intellectuelle sur son espèce, dont la potentielle partenaire n'a toutefois rien à faire.

Dans un cas comme dans l'autre, cette projection d'inaccessibilité n'est généralement qu'un superficiel maquillage qui s'estompe dès que l'approche du sexe opposé est assez convaincue. Dans les faits, le bluff est roi.

Dans les faits, les gens en ont marre. D'un point de vue extérieur, c'est-à-dire lorsqu'ils ne sont pas en situation de drague, hommes et femmes disent être las de cette façon de faire, de cette façon d'être, dont les publicitaires et les magnats de la presse-rapide nous bombardent. Dans les faits, le paradigme est réel mais pas moins interchangeable. (Il faudrait à ce sujet exposer les réflexions de Sartre et de Heideger sur le réel...)

La prémisse de base de notre société de consommation est que pour permettre à l'économie de "rouler" (ou pour nous rouler, c'est selon), on doit réduire l'humain à sa plus simple expression, animale, qui lui commande la survie de son espèce. Exit le reste. C'est, ont identifié les psychochosificateurs et autres réflexionneux de la bêtise humaine, en se fiant à cette nécessité corporelle que l'on peut en venir à dominer les masses. Car ainsi regroupés en une société de travailleurs, les individus sont fourvoyés par leur propre inconscience. D'abord occupés à travailler pour gagner leur pain puis leur grille-pain, puis leur boîte à pain puis leur comptoir pour poser la boîte à pain, puis leur cuisine rénovée avec armoires de bois verni au lieu de stratifié pour entourer le comptoir puis leur maison luxueuse pour bien asseoir cette cuisine digne du chef en vous puis leur aménagement paysager afin que cette maison de rêve trouve refuge dans une ambiance mi-campagne, mi-ville... (enfin vous comprenez) La poursuite de cette conquête commerciale des masses ne peut plus passer que par la confusion.

Ainsi, on balance au potentiel consommateur l'idée, vendue avec le corps. La confusion est assurée : l'idée pénètre l'esprit, le corps l'y fait coller. On se sert de l'esprit, de la pensée humaine, pour lui faire croire que son existence n'est que procréation.

En vérité, on ne vend pas le corps. On continue de vendre l'idée, mais celle-ci est désormais "justifiée" par une pulsion naissante. On fait entrer le corps dans l'esprit, confondant du coup l'individu. Il participera à la masse en voyant le corps, en l'intellectualisant puis en justifiant socialement son geste par la réflexion, pourtant erronée, qu'il a eue.

Je n'élabore rien de nouveau, direz-vous. Pourtant, si. D'abord un exemple, ensuite un dénouement.

Je suis au coin de la rue, j'ai faim. Je vois deux arches jaunes. « C'est ça que j'M ». Faux. Pourtant, j'ai faim et McDonalds est là. J'entre. Pub géante. Deux hamburgers, deux dollars. Wâw. Quel beau sandwich. Je sais que celui que je vais manger sera beaucoup plus laid et goûtera étrangement différent de ce que j'imagine. Intellectualisons. J'ai faim, ce hamburger est tout à fait convenable. En fait j'en aurai deux. Ça n'est vraiment pas cher. Bon. Voulez-vous la frite, me demande la fille. Distrait par ses beaux yeux. Ouais. Le coke? Ouais. Chausson aux pommes? ouais. ouais ouais. Qu'est-ce que je veux vraiment? Basic instinct.

Je veux du plaisir. Depuis des millénaires, je -- humain -- veux me reproduire. Promesse de fantaisie, la coquette jeune fille me propose tout plein de trucs dont je ne veux pas mais j'ai déjà fait mon intellectualisation de la journée. Tant pis. Je prends tout. Et votre numéro de téléphone, mademoiselle?

JAMAIS la « peseuse de pitons » de chez McDo ne m'aurait demandé si j'avais faim pour un chausson. C'eut été trop rationel. VEUX-TU?. Oui je te veux. Tout ce que tu veux.

Voici ce que je propose. Qu'on change de paradigme. Qu'on s'adresse à l'intelligence de l'humain. Véritablement. La base de l'humain est-elle vraiment la « sélection naturelle »? Si l'humain est doté de la capacité de penser, c'est donc que, peut-être, la prémisse de base de l'humanité n'est PAS la sexualité. Celle-ci n'est possiblement qu'un moyen de subsistance qui aurait malheureusement pris une trop grande place, fruit des autres bassesses du genre humain, notons au passage: la paresse.

En publicité comme en mass-média, voire en politique, on s'est jusqu'ici intéressé au plus petit dénominateur commun de l'humain en tant qu'espèce : le sexe. Jamais en tant que rassemblement d'esprit. L'esprit humain a forcément un plus petit dénominateur commun, qu'on a jusqu'ici confondu avec celui du corps animal qui le soutient. La publicité peut avoir autant de force si on s'intéresse à ce qu'il y a de plus profondément ancré en nous, à savoir, la ... le ...

Qu'on le questionne, qu'on l'y force. La bouffe de chez McDo peut rester sensiblement la même. Mais pourquoi ne pas demander au client de réfléchir, vraiment, à ce qu'il a faim pour manger?

Pourquoi? Parce que ça n'est pas payant, à court terme. Parce que ça n'est pas payant, pour la chaîne. Alors quoi? Le mouvement doit venir des masses elles-mêmes, mais risque fort peu de se faire. ALORS QUOI?

Laissez-moi plancher là-dessus. Je vous reviens.

mardi, mai 10, 2005

Je vous dominerai.

« Vous savez ce qu'on dit dans ces circonstances? Hein?

Bande d'ignares, vous n'osez même pas savoir. On dit "pff". On dit "zzzut!". On dit "meu oui, meu oui!". Ou encore on dit "Cause toujours, tit cul, mais commence par faire de l'ordre dans tes jouets". Mais vous ne savez pas, ce qu'on dit.

Vous ne me le dites pas. Vous en pleurez, plutôt, pauvres branchies bouchées d'estampillettes moites. Vulgaires souliers de cuirette usés. Chiffons malodorants. Bécanes rouillées sans roues qui roulent. Z'êtes caves. Z'êtes mous. Z'êtes pas meilleurs que moi. Quand on sait parler en réunion, faire plier les patrons, parler aux dames, stopper les blagues grasses des non moins gras plombiers, alors quand on sait faire tout ça, on ne dit pas "Ga'dons le bô bébéi! Allô! ta ta ta toi..."

I will dominate; un jour, quand j'serai grand... »

Il rit d'une voix stridente et on lui mit sa suce entre les dents.

dimanche, mai 08, 2005

I want to dye.

Je veux mourir. Pas exactement aujourd'hui, mais bientôt. Pas exactement maintenant, mais tantôt. Pas précisément mourir mais disparaître. Pas justement partir, mais inconsciemment m'éloigner.

Je prône la destruction, parce que tout est mort de toute façon. J'exige la servitude, parce que rien n'est souverain. Je veux dominer, mais courtement, parce que la beauté est éphémère et la laideur patiente.

Entre temps, j'erre.

Avant de m'éteindre, avant de brûler, de noircir, je veux de l'artifice, de la couleur. Du ciel rose et de la mer turquoise. De l'extravagant, de l'orangé partout, du rayé pourquoi pas.

Avant d'être rayé de cette surface, je veux y laisser ma strie, ma marque, mes couleurs. I definitely want to dye.

vendredi, mai 06, 2005

How do we say "Béton"

« How do we say "Béton"? Anyway I don't like Montréal 'cause there's too much of it ».

Et je me sens comme une brique, aux propos lourds d'incohérence et d'inconsistence. Je suis une bouette de fabriquation de brique, I'm "unthickened, not yet dried ciment", I'm an elephant, a stupid white elephant with wide ears and loooooong nose, I'm a stupid frenchie, un être futile et sans profondeur, je suis une surface plane, je suis plat et rond, je suis un cercle vide, je suis une carotte, je suis un ruban à mesurer, une rondelle d'oignon, je suis cru, je suis une branche morte, une métaphore déambulatoire, je suis un exercice stylistique ardu et incomplet, je suis une odeur rance de canelle brûlée, je suis une chienne excessive, un poison riverain, je suis de la crème blanche, visqueuse, je suis une grimace en sourdine, un cardinal lourd et désoeuvré, je suis une tache noirâtre, un vent de l'ouest, un champion du ku klux klan, une merde transationale.

Moi je cherchais quelque chose à dire et la conne elle a pas vu la métaphore, c'est sûr. Je me rassure souvent en me disant que je vaux plus que l'image que je projette, mais... doute. Un projecteur qui éclaire 1000 watt vaut mille watt, fait circuler mille watt. That's all.

De toute façon c'était une bouchée d'anglaise, n'est-ce pas? Goûte amer comme le thé noir. I'm drowning in it. Et dans des discussions superficiellement engagées et superficiellement engagées.